la France passe au stade 2 de l’épidémie
Avec 130 cas confirmés de Covid-19,
Depuis samedi 29 février, la circulation du virus est active sur le territoire national, le bilan étant le 1er mars au soir de 130 cas confirmés, soit 118 cas supplémentaires en une semaine. Ainsi, 116 personnes sont aujourd’hui hospitalisées, dont 9 pour une forme clinique grave. Elles se répartissent entre :
- 72 cas dus à un cluster ou une chaîne active de transmission dont 47 sont liés aux deux patients de l’Oise et 10 situés à la Balme, près d’Annecy,
- 35 cas d’infection liés à un séjour à l’étranger dans une zone à risque,
- 7 cas liés à la recherche diagnostique désormais systématique à partir des sujets souffrant de pneumonie grave ou de syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) sans cause établie,
- enfin, 23 cas sont en cours d’investigation afin de déterminer l’origine de leur contamination.
Cet ensemble est réparti sur 12 régions dont 3 rassemblent plus de 10 cas (Ile-de-France, Hauts-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes).
Comme l’a résumé Jérôme Salomon, directeur général de la santé (DGS) , durant le point de situation du 1er mars au soir, ce bilan montre que l e virus ne provient plus seulement des zones d’exposition à risque d’Asie ou d’Italie mais qu’il circule dans plusieurs territoires français. Cette « mosaïque épidémiologique à l’échelle départementale voire communale » a imposé le passage au stade 2 de gestion de l’épidémie par les pouvoirs publics. Il a pour objectif de freiner la propagation du virus sur le territoire, d’éviter sa diffusion depuis les zones où il circule vers les zones encore exemptes, et d’empêcher le passage au stade 3, ou de le retarder aussi longtemps que possible , ce qui permettrait, comme l’a indiqué le directeur de la DGS, « de passer le cap épidémique de la grippe saisonnière ». Ainsi, « nous avons une attitude réactive et adaptée à chaque situation, d’où des différences de consignes, a-t-il précisé. Nous nous adaptons aux situations sur le terrain et aux situations locales en lien étroit avec les agences régionales de santé, les préfets, les recteurs, les élus et les professionnels de santé ».
Désormais, la stratégie s’articule autour de plusieurs mesures :
- le virus circulant activement sur le territoire, i l n’y a plus de quatorzaine imposée aux personnes revenant d’une zone à risque mais des mesures de réduction sociale, notamment concernant les élèves ayant été dans les zones d’exposition à risque en Italie. La quatorzaine est cependant maintenue pour les cas contacts à haut risque.
- les voyages et déplacements non nécessaires vers les pays et zones à risque (présence de cas groupés) restent fortement déconseillés.
- afin d’éviter la diffusion du virus par brassage de populations, tous les rassemblements de plus de 5.000 personnes en milieu confiné sont annulés. Par ailleurs, d’autres rassemblements, y compris en milieu ouvert, peuvent être annulés en lien avec les maires et les préfets, lorsqu’un brassage de population provenant notamment des zones où le virus circule est prévu, à l’image du semi-marathon de Paris annulé ce 1er mars.
- Dans l’Oise où sont recensés des cas groupés, les rassemblements collectifs sont interdits jusqu’à nouvel ordre. Les habitants du département doivent limiter leurs déplacements : ils peuvent se déplacer pour se nourrir ou faire leurs courses, mais ne doivent pas se rendre à des rassemblements, doivent renoncer aux déplacements inutiles et, si possible recourir au télétravail. De plus, dans les six communes touchées (Creil, Crépy en Valois, Vaumoise, Lamorlaye et Lagny le Sec, La Croix St Ouen), les établissements scolaires sont fermés jusqu’au 14 mars afin de proposer une démarche d’évaluation aux parents permettant de décider qui tester. La décision pourra s’étendre à des établissements supplémentaires si nécessaire après évaluation. Les mêmes mesures sont applicables dans la commune de La Balme en Haute-Savoie.
- Comme l’annonçait Olivier Veran, le ministre de la santé la semaine dernière, la distribution des masques chirurgicaux issus des stocks nationaux auprès des professionnels de santé sur présentation d’un bon est organisée par le biais du circuit officinal.
Dans une lettre adressée par le ministère de la santé aux professionnels de santé, en date du 28 février, le ministre a précisé que des recommandations sont en cours d’élaboration afin d’établir une stratégie de prise en charge ambulatoire des cas sans sévérité. L’accueil d’un patient en ambulatoire en cabinet médical ou en pharmacie relève toujours, pour l’heure, des recommandations issues du guide méthodologique édité par le ministère de la santé.
Dans une session de questions au gouvernement, Olivier Véran a indiqué que, pour l’heure, aucun risque de pénurie de médicaments essentiels n’est évoqué par les autorités. Au niveau européen, des mesures permettent de disposer de stocks de médicaments pour 4 mois sur le territoire.
Evolution de la définition des cas possibles et des recommandations
Du fait de la circulation désormais active du virus, plusieurs évolutions notables ont été prises, notamment la définition d’un cas possible établie par Santé Publique France qui inclut désormais tout contact étroit avec un cas confirmé de COVID-19, à partir de 24h précédant l’apparition des symptômes, et non plus seulement toute « personne co-exposée, définie comme ayant été soumise aux mêmes risques d’exposition (c’est-à-dire un voyage ou séjour dans une zone d’exposition à risque) qu’un cas confirmé. »
- La formulation concernant les signes de détresse respiratoire aigüe a été légèrement modifiée en précisant que toute personne « présentant des signes de détresse respiratoire aigüe pouvant aller jusqu’au SDRA (Syndrome de détresse respiratoire aigüe) dans un contexte possiblement viral et sans autre étiologie évidente d’emblée, même sans notion de voyage/séjour dans une zone d’exposition à risque ou de contact étroit avec un cas confirmé de COVID-19 » peut être considérée comme un cas possible.
En conséquence, la Fiche COREB « Repérer et prendre en charge un patient suspect d’infection à nouveau Coronavirus 2019 » destinée aux SAMU et autres soignants de 1ère ligne a été actualisée le 29 février.
Le COREB a également mis à jour son support de formation à destination des professionnels de santé et visant à faire le point sur l’état des connaissances sur le SRAS-CoV-2 en date du 25 février.
Par ailleurs, le Haut Conseil de la Santé Publique a émis plusieurs avis récents, concernant le nettoyage des locaux d’un patient confirmé et la protection des personnels, la procédure concernant la prise en charge du corps d’un patient décédé après infection par le coronavirus SARS-CoV-2 ainsi que la conduite à tenir pour les personnels hospitaliers de retour de zones d’exposition à risque .
Près de 90.000 cas et 69 pays touchés
Sur le plan international, 89.073 cas (dont 45.095 guérisons) ont été confirmés depuis le début de l’épidémie, soit près de 10.000 nouvelles personnes touchées en une semaine, suggérant une augmentation de la diffusion du virus dans le monde. Cette dynamique est confirmée par le fait que le nombre de nouveaux cas est désormais supérieur hors Chine qu’en Chine qui a comptabilisé moins de 1.000 nouveaux cas la semaine passée.
La situation est particulièrement préoccupante en Corée du Sud, où le nombre de cas dépasse désormais les 4.200 personnes (contre 763 lundi dernier), ainsi qu’un Italie où 1.694 personnes ont été diagnostiquées, selon une dynamique importante (doublement des cas depuis vendredi 28 février).
Selon l ’OMS, la situation est à haut risque, d’autant qu’il est probable que le virus circule dans des pays où il n’a pas été détecté, ce qui est à craindre notamment dans les pays d’Afrique, continent qui pour l’heure ne recense que 3 cas (2 en Egypte et 1 au Nigéria).
Au total, 3.048 cas de décès ont été dénombrés depuis le début de l’épidémie . En dehors de la Chine, ce sont l’Iran, l’Italie et la Corée du Sud qui paient le plus lourd tribu avec respectivement 54, 34 et 26 décès.
Selon l’ECDC, l e risque associé à l'infection au COVID-19 pour les personnes dans l'UE / EEE et au Royaume-Uni est actuellement considéré comme modéré, le risque de clusters « modéré à élevé » comme ceux présents en Italie. Le risque de transmission communautaire est, lui, considéré comme actuellement élevé.
Enseignements de l’analyse de 72.000 cas chinois
Le CDC chinois a publié une analyse de tous les dossiers cliniques de patients considérés comme suspects ou possibles à Wuhan depuis le début de l’épidémie jusqu’au 11 février 2020. Ce travail a ainsi été conduit auprès de 72.314 sujets, dont 44 672 (61,8%) ont été confirmés et 10.567 (14,6%) diagnostiqués cliniquement (y compris données radiographiques). Parmi les cas confirmés, 1.023 décès ont été comptabilisés, soit un taux de mortalité global de 2,3%.
Concernant les différentes tranches d’âge, il apparaît que le Covid-19 semble largement épargner les plus jeunes, les moins de 10 ans et les 10-19 ans représentant respectivement 0,9 et 1,2% des cas confirmés, soit 965 cas, et un seul décès parmi la seconde tranche d’âge.
Les 40-69 ans étaient les plus nombreux parmi les patients confirmés (19,2%, 22,4% et 19,2%). Cependant, le taux de décès augmente avec l’âge des patients : s’il reste compris entre 0,2 et 0,4 % avant l’âge de 49 ans. il atteint ensuite 1,3%, 3,6%, 8,0% et 14,8% chez les 50-59 ans, 60-69 ans, 70-79 ans et les plus de 79 ans respectivement.
Par ailleurs, le taux de létalité était nettement supérieur chez les personnes qui présentaient une comorbidités – compris entre 5 et 10% selon la pathologie – par rapport à celles qui n’en présentaient pas (0,9%). Enfin, parmi l’ensemble des cas recensés, 1.716 professionnels de santé ont été infectés et 5 sont décédés (0,3%).
Concernant l’analyse des cas graves, parue dans The Lancet Respiratory Medicine, menée sur 52 patients adultes (âge moyen 59,7 ans, 40% de maladie chronique), le taux de décès était de 61,5% à 28 jours (délai médian entre l'admission en soins intensifs et décès : 7 jours pour les sujets décédés). Les personnes concernées étaient en moyenne plus âgées, avaient plus souvent été placées sous ventilation mécanique, avaient plus souvent présenté un SDRA et avaient pour un tiers d'entre elles présenté des lésions fonctionnelles organiques.
Combattre l’infodémie
Depuis le début de l’épidémie liée au nouveau coronavirus, plusieurs centaines de rumeurs et de fausses informations se sont librement propagées sur les réseaux sociaux. Les pouvoirs publics au niveau national, comme les instances internationales tentent d’enrayer ce phénomène. Ainsi, l’OMS mène un travail avec Google pour faire remonter les informations officielles en tête des recherches sur le virus, tandis qu’un travail de déconstruction des fausses informations et un signalement des comptes les propageant sont conduits sur et avec les principaux réseaux sociaux.
Par ailleurs, différents médias impliqués dans l’alliance internationale des rédactions impliquées dans le fact checking ( The International Fact-Checking Network ) assurent la vérification des informations qui circulent, essentiellement sur Twitter, via les hashtags #CoronaVirusFacts et #DatosCoronaVirus. De même, l e service spécialisé d e l’Agence France Presse, l’AFP Factuel, publie ses dernières vérifications sur son site et sur twitter .
Sur son site, l’OMS rassemble aussi les questions et rumeurs les plus fréquentes concernant les moyens de se protéger ou de guérir de ce nouveau coronavirus.
https://www.who.int/fr/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019
Liens et informations utiles
- Informations destinées aux professionnels de santé (Ministère des solidarités et de la santé)
- Fiche COREB (actualisée au 29 février) « Repérer et prendre en charge un patient suspect d’infection à nouveau Coronavirus 2019 » pour les SAMU et autres soignants de 1ère ligne
- Numéro Vert pour toutes les questions générales relatives au coronavirus : 0800 130 000.
- Appel au Samu-Centre 15 en cas de symptômes
- Informations pour les enseignants
- Fiche d’information pour les personnes contacts
- Questionnaire pour l’évaluation des personnes contacts en milieu non hospitalier



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